MĆŖme si cāĆ©tait en fĆ©vrier 2006, je me souviens encore de la foule qui regardait les Ć©crans gĆ©ants Ć lāextĆ©rieur de l'amphithĆ©Ć¢tre plein Ć craquer.
CāĆ©tait au Havre pour āOmnivore Food Festivalā, le festival de la ājeune cuisineā.
Au programme de cette rencontre professionnelle ultra branchĆ©e, pas moins de 30 dĆ©monstrations et confĆ©rences par des chefs multi Ć©toilĆ©s et multi mĆ©diatisĆ©s : Alain Ducasse, Thierry Marx, Pierre HermĆ©, Jean-FranƧois PiĆØge, Michel Bras, Alexandre Gauthier, et plein dāautres.
Mais la cohue folle et lāamphithĆ©Ć¢tre bondĆ©, ce nāĆ©tait pas pour un chef franƧais cāĆ©tait pour le pape et inventeur de la cuisine molĆ©culaire, le catalan Ferran AdriĆ , le gourou de Rosas.
Les jeunes cuisiniers se bousculaient et sāamoncelaient devant les Ć©crans et les haut-parleurs pour entendre la confĆ©rence de Ferran AdriĆ .
Tout le monde sāattendait Ć ce quāil nous parle des alginates, carraghĆ©nanes et autres mĆ©thylcellulose, de point de fusion, quāil nous explique ce qui se passait derriĆØre les lourdes portes de son laboratoire culinaire dans lequel il se retirait 6 mois de lāannĆ©e.
Mais non...
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La seule chose dont AdriĆ nous a parlĆ© pendant plus de 30 minutes, cāĆ©tait des produits exceptionnels que lāon trouve en Catalogne.
Il a simplement parlĆ© avec passion de la richesse de la collection de mollusques et crustacĆ©s propres Ć lāextrĆ©mitĆ© orientale des PyrĆ©nĆ©es, le Cap de Creus, et Ć la Baie de Rosas. Leur goĆ»t, leur fraĆ®cheur et toutes leurs saveurs subtiles.
Cāest ce jour-lĆ quāil a vraiment gagnĆ© tout mon respect.
Auparavant, je le suivais du coin de lāÅil, plus pour me tenir informĆ© de ce qui se passait dans le paysage gastronomique que par inspiration.
Jāimaginais plus Ferran Adria comme un savant fou essayant de travestir les produits par tous les moyens possibles, que comme un chef Ć proprement parler.
Mais aprĆØs Ƨa, mĆŖme si je ne suis toujours pas devenu un adepte des gluconates de calcium et de la cuisine molĆ©culaire, jāai tout de mĆŖme commencĆ© Ć regarder dāun autre Åil ce quāil faisait.
Car un monsieur qui peut vous parler pendant si longtemps, avec autant de passion et de ferveur des produits quāil utilise, Ƨa ne peut ĆŖtre quāun vrai cuisinier.
Et mĆŖme si Ferran AdriĆ avait une cuisine aussi opposĆ©e Ć la nĆ“tre que le feu lāest de la glace, nous avons au moins un point commun :
Nous essayons de transformer les produits pour le meilleur. Lāun le fait dans des Ć©prouvettes avec l'aide de quelques additifs chimiques, lāautre dans une cave oĆ¹ les microorganismes vont venir affiner les produits.
Aujourdāhui, Ferran AdriĆ a fermĆ© son restaurant El Bulli, mais Ć la Maison Duler, le restaurant est toujours ouvert, et toujours sans additifs chimiques.
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Coffret SĆ©jour NatureĆ partir de : 1 454,00€
Merci d'avoir lu cette lettre, il me tenait Ć cÅur de la partager avec vous.Ā
Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler
P.S.: RĆ©guliĆØrement, je vous livre un regard original sur les dĆ©rives industrielles de lāagriculture et de toute la filiĆØre agroalimentaire. Je mets en lumiĆØre cet Ć©garement qui dĆ©bute dans les coopĆ©ratives agricoles pour atteindre mĆŖme les restaurants Ć©toilĆ©s et les guides gastronomiques.
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