Je ne sais pas qui a inventé l’expression “Doux comme un agneau” mais une chose est sûre :
Il ne parlait sûrement pas des nôtres, ils sont doux certes, mais un peu rebelles aussi.
Cette semaine, c’était la transhumance à Saint-Géry. Petite transhumance puisque nous n’avons « que » 80 agneaux, mais tout de même, ça fait un joli petit monde à déplacer.
Comme nous pratiquons le pâturage tournant dynamique, nous changeons régulièrement les agneaux de pré. Et cette semaine, il fallait les emmener dans une nouvelle parcelle située à quelques centaines de mètres seulement.
Rien de très compliqué en apparence, sauf qu’entre ces deux parcelles, il y a les arbres truffiers… et complantées au milieu des arbres, les vignes aux feuilles tendres et appétissantes.
Concrètement, c’est comme si on mettait un enfant face à un buffet de sucreries et qu’on lui disait de ne rien toucher.
C’est là que tout est devenu rocambolesque :
Nous étions trois personnes pour aider Neil la chienne de berger Border Collie de Camille à assurer cette petite transhumance, et parvenir à canaliser ce troupeau agité sans qu’il soit tenté de vendanger avant l’heure !
Camille était devant pour guider le troupeau armé de son seau à grain pour les appâter, Neil à l’arrière qui ne savait plus où donner de la tête et courait derrière les agneaux dans tous les sens, et enfin une amie venue en immersion au domaine, ainsi que moi et mon vélo.
A la fin, il y avait une vingtaine d’agneaux qui suivait Camille, et les autres… un peu partout, attirés par la végétation alléchante environnante.
Comme je vous l’ai dit, rocambolesque.
Mais tout est bien qui finit bien, les agneaux, ont fini par rejoindre leur nouveau pré et sont en pleine forme après ce petit goûter inattendu. Bon, le lendemain, j’ai retrouvé un agneau esseulé et malheureux au milieu des truffières, il s’était perdu.
Au-delà de nous laisser de bons souvenirs (et une belle histoire), ça fait surtout partie du jeu quand on pratique le pâturage tournant dynamique (PTD en jargon).
On aurait facilement pu ériger des clôtures autour d’une grande parcelle et laisser les agneaux faire leur vie durant plusieurs mois.
Le souci, c’est que les agneaux finissent toujours par surpâturer et ça anéantit non seulement la biomasse des prairies, mais réduit aussi la croissance des agneaux qui se retrouvent souvent à brouter au milieu de leurs crottes avec une quantité de nourriture limitée. Et bien évidemment, une alimentation pauvre fait un agneau moins gouteux.
C’est pour cela que nous avons préféré s’inspirer de pratiques d’élevage venues de Nouvelle-Zélande.
En Nouvelle-Zélande, les éleveurs sont les champions du pâturage tournant dynamique. Comme le grain coûte très cher et qu’ils n’ont pas d’aide de l’État néo-zélandais, ils doivent trouver des moyens pour optimiser la quantité de biomasse de leurs champs tout en s’assurant que leurs agneaux ne manquent de rien.
Notre démarche se rapproche de ce modèle qui consiste à faire cohabiter tous les éléments entre eux : préserver la nature et la végétation, les sols et le sous-sol, le bien-être animal et enfin pour nous, garantir un plaisir gustatif unique.
Nous avons fait venir spécialement de Nouvelle-Zélande une clôture électrique innovante (avec notamment des piquets ultra légers en fibre de verre) qui peut se démonter et se déplacer rapidement avec un quad équipé pour ça.
Chaque fois que nous changeons les agneaux de parcelles, il faut quand même enlever puis repiquer tous les piquets, réinstaller toutes les clôtures, bouger les mangeoires et les abreuvoirs.
Beaucoup de travail physique, mais quand on goûte notre agneau une fois la saison finie, on sait pourquoi on a fait tout ça…
La saison touche bientôt à sa fin, et nous nous apprêtons déjà à livrer les premiers agneaux qui ont été réservés.
Vous pouvez précommander votre colis agneau qui vous sera livré entre début septembre et fin octobre (On ne met pas de date limite car on ne force pas les agneaux. Quand ils sont assez dodus, nous vous les livrons.)
Le lien pour en savoir plus est ici :
L’agneau des truffières
Comment j’ai découvert par hasard un agneau au goût inimitable.
Merci d’avoir lu cette lettre, il me tenait à cœur de la partager avec vous.
Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler
P.S.: Régulièrement, je vous livre un regard original sur les dérives industrielles de l’agriculture et de toute la filière agroalimentaire. Je mets en lumière cet égarement qui débute dans les coopératives agricoles pour atteindre même les restaurants étoilés et les guides gastronomiques.
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