Est-ce que je vous ai déjà mentionné qu’on a commencé à faire du vin au domaine ?
Après le succès de notre jambon, de notre cuisine de la truffe, de notre foie gras et, plus récemment, de nos agneaux, on s’est lancé le challenge d’apporter notre contribution dans le domaine complexe et exigeant de la vigne.
Enfin moi, j’accompagne ça d’assez loin, c’est Louis-Dominique qui en est l’architecte.
Si vous venez de le découvrir, c’était aussi le cas de Thierry Desseauve, un des plus grands dégustateurs de vin et éditeur du magazine En Magnum, qui s’est assis à notre table il y a bien deux semaines.
Face à lui, un grand vigneron du Sud de la France et, au milieu, plusieurs très bonnes bouteilles qu’ils avaient emmenées pour déguster, ainsi que deux très beaux flacons de Cahors qu’ils ont commandés ici.
J’allais leur servir le café (enfin, plutôt un vieil Armagnac de 1976), quand ils m’ont interpellé :
“Il paraît que vous faites du vin ?”
Je leur raconte brièvement le projet de Louis-Dominique : faire du vin en remettant la vigne à son état naturel de liane, en l’associant à nos arbres truffiers.
“Vous nous faites goûter ?” s’enquiert Monsieur Desseauve avec un certain intérêt…
“Ça aurait été avec plaisir”, je lui réponds, “mais pour le moment nous n’avons pas de bouteille. Le vin est encore en élevage”.
Sans parler que leur soirée fut arrosée avec des bouteilles de renom et que faire déguster un jeune vin entre la poire et le dessert après des cuvées bien évoluées n’est pas des plus rassurant.
Louis-Dominique a donc poliment décliné.
Mais ils n’avaient pas dit leur dernier mot.
S’en est ensuivi une gentille joute verbale, où Louis-Dominique tentait de contrer les objections de ces messieurs pour les convaincre que le vin ne serait certainement pas à la hauteur de ce qu’ils attendaient maintenant.
Puis le vigneron du Sud a sorti son ultime carte :
“Profitez-en, vous avez un grand dégustateur de vin devant vous, vous aurez son avis, c’est enrichissant.«
Louis a flanché, il est parti au chai tirer un peu de vin de la récolte 2023 dans son unique barrique bordelaise de 225 L dans laquelle il est en élevage.
Puis il l’a servi dans un Graal (une carafe de la forme d’un grand verre à pied) qui permet une aération rapide.
La première chose qu’ils ont remarquée, c’était l’intensité colorante, un bleu nuit intense pareil à de l’encre. “ Ce vin a eu une longue fermentation “ dit Mr Desseauve
“ Oui 3 mois de macération en demi-muid avec dominante malbec “ répond Louis-Dominique
Et puis la bouche :
Ce qui m’a paru le plus les surprendre, c’est la souplesse des tanins , malgré les 3 mois de macération dans le bois neuf, le cépage malbec, le millésime solaire et son jeune âge. A partir de là, l’intérêt était palpable et la conversation a commencé à devenir plus technique.
”Votre extraction ?”
“Simple rotation des demi-muid pour submerger le chapeau de marc”.
”Comment faites-vous pour obtenir ce fruité ?”
“Macération carbonique et fruits bien mûrs”.
“ Des intrants ?“
”Aucun “.
“Quelle droiture, c’est impressionnant. Vous devez encore l’élever quelque temps et surtout le laisser vieillir car c’est là qu’il dévoilera tout son potentiel” conclua-t-il avant de se resservir un deuxième verre. “On va suivre votre travail de près.”
On leur donnera des nouvelles avec plaisir, comme à vous qui suivez cette lettre.
Comme je l’ai dit à Thierry Desseauve, nous n’avons pas encore mis en bouteille, et ne commercialisons donc pas encore notre vin. Mais on a reçu l’embouteilleuse il y a quelques semaines, alors on ne devrait plus trop tarder à mettre en bouteille le millésime 2020.
En attendant, si vous venez nous rendre visite au domaine, on vous fera visiter les vignes et peut-être que Louis-Dominique acceptera de vous faire goûter le vin encore en élevage si vous le demandez.
Pour retrouver nos séjours et disponibilités, cliquez-ici :
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Le RestaurantLes menus sont servis pour la table entière, service à partir de 20h30.
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Coffret Séjour NatureÀ partir de : 1 454,00€
Merci d’avoir lu cette lettre, il me tenait à cœur de la partager avec vous.
Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler
P.S.: Régulièrement, je vous livre un regard original sur les dérives industrielles de l’agriculture et de toute la filière agroalimentaire. Je mets en lumière cet égarement qui débute dans les coopératives agricoles pour atteindre même les restaurants étoilés et les guides gastronomiques.
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