Un monde vivant – Les week-ends truffes – Une truffe de terroir – Le paysan et l’ingénieur – La vie du sol – Assez de chinoiseries – L’arbre : les espèces, la taille, … – La boutique de la truffe
Les truffières du Domaine de Saint-Géry sont situées sur des terres arides et pauvres, il s’agit de plateaux du Quercy Blanc formés de calcaire d’origine lacustre remontant à 30 millions d’année sur lesquels les chênes truffiers poussent naturellement et la vigne est cultivée depuis deux mille ans.
Aussi, depuis 1989, chaque année nous plantons sur ce causse du Quercy Blanc, des plants de différentes espèces. Des chênes bien sûr, chênes verts, chênes pubescents, chênes kermès, chênes cerris et aussi des noisetiers communs ou de Byzance. Tous ces plants sont mycorhizés par la truffe mélanosporum.
Au fil des années, nous avons menés (et menons encore) de multiples essais, sur les associations avec d’autres cultures (lavande, vigne, blé truffier, …), la taille, l’espacement des arbres, les engrais verts (implantation de lotier, sainfoin, …), le travail du sol, le pâturage … ce qui fait de cette truffière un terrain d’expérimentation grandeur nature unique en France.
Le principe paraît simple, on plante des arbres sur lesquels la mycorhize de la truffe a été inoculée et on attend que l’arbre grandisse et que la truffe se développe sur le réseau racinaire. Mais si on opte pour cet état passif et contemplatif, il y a peu de chance pour que la truffe apparaisse car la truffe est un champignon pionnier, qui est long à se développer et qui a besoin de lumière. Si vous laissez faire, l’arbre fera trop d’ombre avant que la truffe soit prête à produire.
Notre travail « d’éleveur » de truffe consiste d’une part, à favoriser la vie du sol pour qu’il fournisse la meilleure nourriture à la truffe et le meilleur environnement pour qu’elle se sente bien, d’autre part, à entretenir l’arbre sans le stresser pour que la symbiose avec la truffe fonctionne en laissant toujours la lumière arriver jusqu’au sol. Ce n’est pas une culture cartésienne, la nature dicte ses règles, pas l’homme.
Nous avons donc pris modèle sur la forêt. Dans la forêt; tout semble inorganisé et pourtant c’est le modèle « agricole » le plus productif (il se produit bien plus de matière sur un hectare de forêt que sur un hectare de maïs OGM). Dans la forêt vivent les plus grands végétaux, sans traitement, sans engrais, sans irrigation. Ils produisent chaque année des quantités incroyables de matière organique. Pourquoi ? Parce que le sol est équilibré car les différents végétaux vivent en équilibre les uns avec les autres, que le sol est vivant.
Partant de cette réflexion, depuis plusieurs années nous menons des expériences de coexistence sur une même parcelle de plusieurs cultures : chênes truffiers, vigne, blé et lavande. Cette démarche vise à créer un écosystème où les végétaux vivent en symbiose, où le sol est vivant ( indispensable pour produire de la truffe), réduisant voir annulant les risques de maladie. Objectif : faire de la truffe, du blé, de la vigne sans aucun traitement.