J-15
Jusqu’au 24 décembre, nous organisons le calendrier de l’Avent de la Maison Duler : chaque jour, nous allons vous faire découvrir les produits “confidentiels” qui façonnent l’identité de notre restaurant et dont nous ne parlons (presque) jamais dans notre Lettre au Bon Goût.
La semaine dernière, je vous parlais brièvement des compromis, de ces “renoncements que le bon goût refuse d’envisager”.
Il y a deux sortes de compromis , ceux qui sont acceptables et les autres.
Avec les enfants par exemple, au début on a de grandes idées, et puis finalement on fait beaucoup de compromis, pour s’adapter à leur particularité, au caractère personnel de chacun…
Mais il y a des compromis qu’on n’a pas fait.
Par exemple, on n’a jamais amené aucun de nos 3 enfants au McDo ou dans un autre fast-food.
On peut me traîter d’ayatollah de la bonne bouffe, et même de réactionnaire.
Mais ça n’a rien à voir.
Ce n’est pas un interdit alimentaire, c’est juste que ça ne nous intéresse pas.
Le fastfood est à la restauration ce que les jeux télévisés et les émissions de téléréalité, sont à la télévision, et ça ne m’intéresse pas.
En plus vous savez le plus fort ? C’est que nos enfants n’ont jamais été demandeurs de Mac Do.
Car ils n’ont pas eu besoin de s’identifier à ce mode de vie.
Mais ça ne les a pas empêchés d’y aller parfois avec les copains, de découvrir le fastfood en jeunes adultes perspicaces, ce qui les a confortés dans leurs convictions.
Quand vous mangez chaque jour des produits sains et savoureux attablés confortablement en famille ou avec des amis, quand durant toute votre enfance vous avez goûté de la viande de Porc Gascon, des poulets agroforestiers rôtis à la cheminée, des légumes du potager fraîchement cueillis…
Quand vous avez pris l’habitude de cuisiner en famille, de réaliser des recettes avec ces produits-là,
L’idée de « bouffer » debout un steack haché archicuit avec une mayo industrielle, une salade insipide et un pain mou/sucré dans une boîte en carton recyclé posée sur un plateau en plastique avec des frites surgelées et une boisson sucrée/gazeuse dans un gobelet en plastique, n’évoque pas pour nos enfants un mode de vie extraordinaire mais plutôt une décadence de notre nourriture.
Car nos enfants savent que les pommes de terre poussent … dans la terre (ne rigolez pas et demandez autour de vous où poussent les frites), ils savent ce qu’est une entrecôte et un poulet fermier, une mayonnaise maison, un pain au levain, une bonne eau de source, un vin de qualité. Ils mangent habituellement dans de la porcelaine et avec des couverts en argent (vous trouvez ça dans des brocantes pour presque rien).
Ne pas faire de compromis, c’est se renforcer.
Ne pas faire de compromis sur la nourriture de nos enfants, c’est nourrir leur corps et leur esprit, c’est leur donner plus de force dans la vie.
C’était la petite pensée en ce dixième jour de l’Avent.
Alors que l’esprit de Noël commence à illuminer nos foyers, il est bon de se rappeler l’essence même de cette fête : la naissance du Christ et l’envie profonde de semer du bonheur, particulièrement dans le cœur de nos enfants.
Le bonheur passe aussi par la table… et par des saveurs qui enchantent tous les palais !
Quand je pense au bonheur de mes enfants, je pense aussi à cette diversité qui nous rassemble autour d’une table festive.
Chacun a ses préférences, et c’est bien là toute la richesse de nos moments partagés. Chez nous, par exemple :
- Camille craque pour le marbré de foie gras Bacchus au caractère enchanteur.
- -Dominique, lui, se laisse séduire par le marbré en gelée, fondant, proche du mi-cuit au torchon.
- Et notre aîné, Thibault, qui rentre juste du Canada, a des goûts simples, il hésite entre le marbré au Sauternes et le Marbré de Foie gras à la truffe, avec 10% de truffes.
Chaque marbré raconte une histoire, une typicité.
Alors, pourquoi ne pas laisser vos enfants choisir leurs marbrés préférés… et vous surprendre ?
A la Maison Duler, notre plus grande satisfaction est de voir nos produits s’inviter à votre table.
Et participer à vos moments de bonheur. Simplement, avec générosité.
En attendant que vos enfants choisissent leur foie gras favori et vous en fassent profiter, je vous offre en ce dixième jour de l’Avent, un pain à la farine de blé truffier.
Un pain qui, avec sa délicate acidité et ses odeurs de pain d’épices et de miel, se mariera à merveille à votre marbré de foie gras.
Mais attention, ce pain a un petit défaut : vos enfants risquent de l’adorer autant que vous, et il pourrait disparaître bien vite.
Ce pain précuit au levain indigène de blé truffier se conserve jusqu’aux fêtes. Vous pourrez finir la cuisson dans votre four le jour J, ou le toaster.
Vous pouvez aussi, pour une expérience régressive, le conserver dans un linge humide et le déguster tel quel, « rassis à l’ancienne” avec des saveurs et des textures qui rappellent le pain de seigle au levain.
Je vous dis à demain !
Merci d’avoir lu cette lettre, il me tenait à cœur de la partager avec vous.
Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler
P.S. : Régulièrement, je vous livre un regard original sur les dérives industrielles de l’agriculture et de toute la filière agroalimentaire. Je mets en lumière cet égarement qui débute dans les coopératives agricoles pour atteindre même les restaurants étoilés et les guides gastronomiques.
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