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Publié le 19 Sep, 2024
Catégories : Lettres au Bon Goût

Papa, tu devrais aller voir”, me dit Louis-Dominique avec un air grave alors que je suis à la cuisine, en plein service, “J’ai entendu l’alarme du panneau électrique sonner” 

Vous pensez que cette petite phrase anodine attendrait la fin du service  ?

Non. 

Miséricorde. Non. 

La simple mention de cette alarme me fait déjà voir triple, alors que 500 scénarios possibles se dessinent déjà dans ma tête :

  • Je vois déjà nos invités privés d’eau chaude le lendemain (Et je ne suis pas sûr qu’un “bain thermal à l’ancienne” où on leur apporte des bassines d’eau chaudes fasse rire quelqu’un d’autre que moi — Surtout pas Pascale) 
     
  • Le four qui s’arrête de fonctionner en plein service, nous obligeant à innover sur le champ un autre menu, provoquant un branle-bas de combat digne d’une troisième guerre mondiale dans la cuisine. 

Ou pire :

Les chambres froides coupées de courant et ne refroidissant plus, nous forçant à jeter des jambons comme ça nous est arrivé en avril quand nous avons jeté 16 jambons magnifiques suite à une panne de chambre froide.

Donc oui. 

La simple mention de cette petite alarme qui bippe, me fait décrocher mon tablier en quatrième vitesse, pour me ruer en bas de l’escalier, alors même qu’on est en plein service — Heureusement, on venait d’envoyer le plat principal pour 6 personnes (un filet mignon de porc gascon en brioche, avec une fausse raviole courgette, tomates, citron confit, pâtissons fleur juste rôtis et beignets de feuilles de sauge). Donc j’avais un peu de battement avant d’enchainer sur les desserts. 

Et si vous aviez pu voir ma tête au moment où j’ai ouvert ce coffret électrique qui effectivement bippait beaucoup trop fort, vous y auriez vu une chose…

Le soulagement. 

Car cette fois-ci, c’était juste l’alarme du système d’arrosage. 

Rien de grave, donc. 

On a basculé tout le réseau électrique du domaine sur les panneaux solaires et comment vous dire que ces deux derniers mois, où nous étions noyés dans les branchements électriques, étaient, disons…intéressants ? 

J’ai eu l’occasion de voir les ingénieurs venus s’occuper de toute l’installation, jouer avec mes nerfs (et ma tension) de la même façon qu’ils jouaient avec les câbles électriques gros comme mon bras (tiens, qu’est-ce qu’il se passe si on touche ce fil-là ?)

Maintenant que tout est fonctionnel, je peux donc vous l’annoncer au grand jour.

Nous sommes enfin autosuffisants en électricité (et bien plus). 

1800 m2 de panneaux solaires installés sur deux bâtiments tout en bois qui s’intègrent dans le paysage et qui vont abriter le futur manège de Camille et “Les écuries de la pianiste”. 

En tout, une puissance de 350 kilowatt-crête. 

Nous consommons ce qui nous est nécessaire, et le surplus est réinjecté dans le réseau électrique local. Hier nous avons produit 1400 kwh et réinjecté 977 kwh dans le réseau ce qui est la consommation moyenne d’un foyer français en un mois.

Je sais, je sais. 

Vous êtes ici pour m’entendre parler d’agriculture, de bonne chère, du bonheur de bien manger et bien vivre. 

Et à moins que vous ne soyez ingénieur en photovoltaïque, il y a des chances que ce sujet vous émoustille autant que moi quand Pascale me sort la collection de gonds de portes trouvés dans les fouilles du château de Saint-Géry (Pascale appelle ça des vestiges du passé chargés d’histoire, moi qui n’ai pas fait l’Ecole du Louvre comme elle, j’appelle ça des clous rouillés).

Mais ça me tenait à cœur de le partager avec vous. 

Car, depuis qu’on a récupéré la propriété il y a 40 ans, avec ses vieilles bâtisses et leurs toits miteux plein de trous, on a toujours eu en tête cette vision : 

Un domaine autosuffisant, presque à huis clos, où il fait bon vivre, sans avoir de compte à rendre à personne, et surtout pas aux industriels, collabos de la malbouffe ou autres labels tapageurs. 

Alors, voir ces panneaux solaires alimenter tout le domaine, c’est un peu comme voir le rêve du Patrick de 25 ans se réaliser. On se retourne et on voit tout le chemin parcouru. 

J’imagine que si je vous demande “qui veut venir voir nos beaux panneaux photovoltaïques ? ” on ne va pas avoir du monde qui se bouscule au portillon.

Par contre, si je vous propose “Qu’est-ce que vous diriez de venir passer le week-end dans le jacuzzi chauffé à l’énergie solaire, et découvrir notre cuisine d’automne, avec les pièces entières rôties à la broche dans la cheminée, le gibier, et pourquoi pas quelques champignons, … ?” là, ça semble être une offre beaucoup plus alléchante, n’est-ce pas ?

Et puisque le hasard n’existe pas :

Il nous reste quelques chambres de libre sur les week-ends d’octobre, vous pouvez voir toutes les disponibilités ici :

Merci d’avoir lu cette lettre, il me tenait à cœur de la partager avec vous. 

Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler

P.S. : Régulièrement,  je vous livre un regard original sur les dérives industrielles de l’agriculture et de toute la filière agroalimentaire. Je mets en lumière cet égarement qui débute dans les coopératives agricoles pour atteindre même les restaurants étoilés et les guides gastronomiques.

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Patrick Duler

cuisinier-paysan

Fondateur de la Maison Duler

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