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Publié le 4 Juil, 2024

Enfin un journaliste qui soulève un truc que je dénonce depuis des années !

J’ai vu ça dans la dernière édition de Bouillantes, la lettre d’information sur la gastronomie de Franck Pinay-Rabaroust (journaliste et ancien rédacteur au Michelin).

C’était un court article, à peine plus qu’un entrefilet :

« Les frontières entre le snacking, la bistronomie et la gastronomie n’existent plus, ou si peu. En voilà une preuve supplémentaire avec l’arrivée de David Munoz, chef du restaurant Diverxo (Madrid, Espagne), trois étoiles au Bibendum et quatrième au classement du World’s 50 Best Restaurants, chez Burger King. Il signe trois recettes de burgers inédites qui sont disponibles dans les restaurants de la chaîne en France. »

Est-ce que vous auriez pu soupçonner un chef triplement étoilé de cuisiner dans un Mac Do ?

Est-ce que vous pourriez songer à Beethoven en rappeur ?

Est-ce que vous pourriez imaginer un végan qui se régale d’une côte de bœuf saignante ?

Est-ce que vous pourriez envisager un seul instant que le Général De Gaulle adhère à La France Insoumise ?

Eh bien, c’est fait, il y a un chef triplement étoilé qui l’a fait, en Espagne.

David Munoz est classé quatrième des meilleurs restaurants du Monde par Nestlé (enfin, c’est San Pellegrino qui appartient au groupe Nestlé) et gratifié de 3 étoiles par le guide Michelin. Et il vient de signer des plats et une pub pour Burger King !

Ces chefs osent vraiment tout, c’est à ça qu’on les reconnaît, comme dirait Audiard.

On vit dans un monde vraiment bizarre où ce sont les fabricants de pneus (Michelin) et les géants de l’industrie agroalimentaire qui régissent les palmarès gastronomiques.

Le Michelin va encore plus loin. Lui, le leader de l’industrie du pneu, qui est l’une des plus polluantes au monde, s’est arrogé le droit d’attribuer des bons points en matière d’environnement en distribuant des « étoiles vertes » aux restaurateurs.

Après, ce n’est pas si étonnant que les lauréats se fassent sponsoriser par Burger King.

À quand le chef qui fait la pub pour les croquettes pour chien ou le papier hygiénique ?

Vous allez me dire, et si on te le proposait à toi, le gros chèque, qu’est-ce que tu ferais ?

C’est vrai que la situation a peu de chances de se produire, je n’ai donc aucun mérite à refuser quelque chose qu’on ne me propose pas… Sauf que je mets les conditions pour que la question ne se pose pas. Par exemple, maintenant en écrivant cette lettre et depuis longtemps, car je traque et blackliste les produits industriels dans ma cuisine.

Attention, je ne veux pas interdire aux chefs de profiter de contrats publicitaires.

En son temps, Paul Bocuse mettait son nom sur les cocottes Staub ou les cuisinières Rosières. Ces contrats publicitaires lui rapportaient de l’argent, mais en plus il faisait rayonner des PME françaises. Comme quoi, on peut allier revenus supplémentaires et bonnes pratiques.

On est loin du chef qui incite à l’obésité, au diabète et aux maladies cardiovasculaires. Car il ne faut pas se le cacher, le chef qui fait la promotion de Burger King conforte les jeunes consommateurs dans le triptyque « sucre-gras-sel » et les produits ultra-transformés qui sont un fléau pour la santé publique.

Même si on admet que la cuisine, à un certain niveau, soit un art, c’est le seul art qui passe par votre bouche, votre estomac, vos viscères, votre sang et votre cerveau.

C’est un art qui vous nourrit au sens premier du terme. On n’est pas dans le débat entre peinture abstraite et figurative ou sur le rock et la musique classique. Ici, on parle de la façon dont vous nourrissez votre corps (et votre esprit).

Alors chers amis chefs, votre notoriété de chef vous confère une responsabilité morale en matière d’alimentation.

Si le cœur vous en dit, mettez votre nom sur des publicités, mais je vous en prie, mettez un tout petit peu d’éthique de bon aloi dans vos contrats publicitaires.

En attendant, mettez-vous réellement au vert, venez nous voir au milieu de la campagne.

Si la technicité et la créativité de notre cuisine ne vous subjugue pas, c’est normal.

Nous ne cherchons pas à « sublimer » des produits qui sont déjà sublimes, nous les accompagnons par un long cheminement pour vous procurer plaisir et émotion.

Merci d’avoir lu cette lettre, il me tenait à cœur de la partager avec vous. 

Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler

P.S.: Régulièrement,  je vous livre un regard original sur les dérives industrielles de l’agriculture et de toute la filière agroalimentaire. Je mets en lumière cet égarement qui débute dans les coopératives agricoles pour atteindre même les restaurants étoilés et les guides gastronomiques.

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Patrick Duler

cuisinier-paysan

Fondateur de la Maison Duler

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