Depuis l’âge de 12 ans, j’aime écouter Georges Brassens.
Quand mes copains écoutaient les Pink Floyd ou Supertramp ou les Rolling Stones, j’écoutais Brassens en boucle.
A 16 ans je connaissais son répertoire pratiquement par cœur, mais j’aurais été incapable de citer un seul titre des Rolling Stones.
La grande différence entre Brassens et ces groupes anglo-saxons, c’est que chez Brassens, on vient d’abord pour les mots. La musique ça vient ensuite.
Et c’est les mots qui m’ont fait aimer Brassens très tôt.
Mais c’est bien après la mort de Georges Brassens en 1981, que j’ai découvert « Le fidèle absolu » .
Ce poème que Brassens n’a pas eu le temps de mettre musique m’inspire dans mon engagement et je ne me lasse pas de le relire.
Il me remonte le moral quand je subi quelques critiques acerbes ou j’ai un coup de mou
J’admire cet art de Brassens de poser les mots qui parlent.
Le seul arbre qu’il connaissait
Sous sa fenêtre florissait.
C’était le rustique absolu,
L’homme d’un seul jardin, pas plus.
Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Coureurs de forêts vierges,
Regardaient, étonnés,
Ce bonhomme enchaîné
A sa tige d’asperge.
Bonhomme sais-tu pas
Qu’il existe là-bas
Des forêts luxuriantes,
Des forêts de Bondy,
Des forêts de Gasti-
ne et de Brocéliande?
Et l’homme répondit
« Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m’emporte
Si je m’en vais chercher
Au diable ce que j’ai
Juste devant ma porte. »
Je n’ai vu qu’un seul arbre, un seul, mais je l’ai vu,
Et je connais par cœur sa ramure touffue,
Et ce tout petit bout de branche me suffit :
Pour connaître une feuille, il faut toute une vie.
Si l’envie vous prenait de vous pendre haut et court,
Soyez gentil, ne vous pendez pas à mon arbre!
Il n’avait jamais voyagé
Plus loin que l’ombre du clocher.
C’était l’autochtone absolu,
L’homme d’un seul pays, pas plus.
Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Tous les gens du voyage,
Regardaient étonnés
Cet être cantonné
Dans son petit village.
Bonhomme sais-tu pas
Qu’il existe là-bas,
Derrière tes montagnes,
Des pays merveilleux,
Des pays de cocagne
Et l’homme répondit :
« Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m’emporte
Si je m’en vais chercher
Au diable ce que j’ai
Juste devant ma porte. »
Je n’ai vu qu’un village, un seul, mais je l’ai vu,
Et ses quatre maisons ont su combler ma vue,
Et ce tout petit bout de monde me suffit :
Pour connaître une rue, il faut toute une vie.
Si l’envie vous prenait de tirer le canon,
Soyez gentil, ne tirez pas sur mon village.
Il n’avait jamais embrassé
Personne que sa fiancée.
C’était le fidèle absolu,
L’homme d’un seul amour, pas plus.
Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Friands de bagatelle,
Regardaient étonnés
Ce bonhomme enchaîné
A son bout de dentelle.
Bonhomme sais-tu pas
Qu’il existe là-bas
Des beautés par séquelles,
Et qu’on peut sans ennui
Connaître mille nuits
De noces avec elles?
Et l’homme répondit :
« Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m’emporte
Si je m’en vais chercher
Loin d’ici ce que j’ai
Juste devant ma porte. »
Je n’ai vu qu’un amour, un seul, mais je l’ai vu,
Et ce grain de beauté a su combler ma vue,
Et ce tout petit bout de Vénus me suffit :
Pour connaître une femme, il faut toute une vie.
Si l’envie vous prenait de courir les jupons,
Soyez gentil, ne courez pas après ma belle.
Et ici en musique