Mâche, qui es-tu ? Mâche, laitue de brebis, salade du blé, barbe de chanoine, blanchette, gallinette… ?
Que d’identités différentes pour une si petite salade d’hiver ! Que de noms poétiques et ensoleillés nous faisant voyager dans un espace temps oublié, le temps des brebis paissant entre chênes et vignes, se pourléchant nonchalamment les babines, un petit brin vert accroché à la barbichette ; le temps où tout un chacun glanait dans les blés, le respounchou (sorte d’asperge sauvage), le millepertuis et cette petite salade si douce au goût et au toucher.
Chez moi, nous l’appelions la doucette ! Et la doucette, c’était la salade du dimanche, que l’on accommodait de noix fraiches et de petits dés de betterave. Elle précédait le traditionnel poulet rôti dominical !
A l’origine, nous retrouvons la mâche à l’état sauvage dans les vignes non traitées ou les champs de blé, un peu partout en France. Comme le pissenlit, sa consommation était courante et son acquisition peu onéreuse. Elle a disparu avec les engrais et traitements fongiques en tous genres dispensés de manière intempestive dans les céréales et les vignes. Maintenant, c’est une culture maraîchère principalement située dans la région de la Loire, qui termine sa course en petites barquettes sous cellophane, dans tous les supermarchés ! Envolée l’image de Manon et de ses chevrettes !
Mais quand on a la chance de la faire pousser dans son potager, c’est autre chose.
La mâche a ses exigences : un sol tassé, peu de soleil et de chaleur lors de la germination. C’est pourquoi il est difficile de la réussir dans notre région encore inondée de soleil en septembre-octobre. Je sème donc la variété à fines graines, la seule à germer à cette période de l’année, et le plus tard possible, fin octobre en général, en prenant soin de rajouter une fine couche de BRF pour la protéger de la chaleur. Et c’est parti ! Récolte de Février à Mars garantie.
Vous connaissez mon attrait pour les cultures associées, permettant de faire vivre côte à côte plusieurs espèces, qui toutes vont avoir un rôle actif les unes par rapport aux autres, évitant ainsi les maladies, les invasions d’insectes dévastateurs pour les cultures, etc… Je sème donc la mâche à l’emplacement des haricots verts récoltés, au milieu des oignons blancs et des poireaux dont l’odeur forte éloignera les prédateurs de ses feuilles si fines et si tendres.
L’arrivée de la doucette en cuisine permet de renouer avec les salades vertes, après la période d’hiver. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme et d’appétit que nous la préparons. J’ai voulu deux plats simples, faciles d’exécution, en élargissant le spectre des possibilités. C’est donc « mi-cuite » que je vous la propose en premier.
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