Il y a quelques années, mon ami Marcel m’appelle un matin pour me proposer, devinez-quoi ? Des coings ! Un cageot entier de coings !
Car bien sûr, plus personne n’en veut, des coings. D’abord, plus personne ne sait quoi faire avec ce fruit, car l’attrait pour la pâte de coing de nos grand-mères s’est envolé !
Enfant, la pâte de coing, c’était une gourmandise, la récompense, la petite note sucrée du goûter, le bonbon avant l’ère Haribo ou la Pie qui chante. C’était le verger qui chantait, qui s’exprimait au travers de ce fruit à l’aspect rustique, au toucher duveteux, à la peau dure et aux formes torturées mais au parfum unique et envoûtant.
Si vous demandez aujourd’hui à un enfant ce que c’est qu’un cognassier et à quoi sert son fruit, je doute fort qu’il vous réponde.
Cet arbre a quasiment disparu des vergers. Parfois on en trouve dans les campagnes, en lisière des champs, à l’abandon. Plus grand monde ne s’intéresse à lui, ni ne ramasse ses fruits. Pourtant la « pomme de Cydon » comme l’appelait les Grecs est un fruit intéressant à plus d’un titre. Son odeur tout d’abord, subtile et fleurie, enivrante, qui est une base en parfumerie. Son goût, qui permet des mariages délicats avec les compotes de pommes, de poires.
Il suffit d’un coing additionné à toute une compote de pommes pour réveiller des notes acidulées et gourmandes. Son pouvoir gélifiant aussi est indéniable. Gorgé de pectine naturelle, le coing permet de faire « prendre » les confitures, de faire de la gelée ou bien de la pâte de fruit, sans ajout de tout autre gélifiant.
Mais en plus, sur le plan de la santé, cette pectine naturelle favorise la baisse du taux de cholestérol dans le sang, aidant ainsi l’absorption des lipides. Alors surtout, il ne faut pas s’en priver ! Il faut noter que le coing est un des rares fruits qui se mange toujours cuit, tant sa chair est dure. Afin de varier les plaisirs et de sortir des recettes traditionnelles, je vais tenter de « vous en boucher un coing » avec ce soufflé glacé au coing et à la cardamome que je sers à mes hôtes.
Pour cela, il faut commencer par faire une purée de coing qui sera aussi la base de la pâte de coing dont voici la recette ci-après.
Marcel aujourd’hui nous a quitté,… mais il nous reste son petit « coing » de paradis.
Et depuis j’ai planté un cognassier qui commence à donner.
Issu de ma chronique dans le magazine Terre Sauvage