Le petit Joseph a été mordu par un chien à quatorze reprises.
On est dans un petit village d’Alsace, en 1885. L’enfant s’en sort avec quelques blessures douloureuses et le chien est abattu. Mais c’est la panique générale : l’animal aurait la rage et il n’existe aucun remède connu.
Le petit Joseph est condamné à mourir.
Louis Pasteur ou le dernier espoir
La mère de l’enfant a entendu parler d’un chimiste qui, aux portes de la capitale, vaccine des chiens enragés.
Elle se rend à Paris pour convaincre Louis Pasteur de vacciner son enfant. Pasteur refuse d’abord, il n’a jamais piqué aucun humain. Mais après réflexion, et puisqu’il s’agit du seul espoir de survie de Joseph, le chimiste français fait une exception.
N’étant pas médecin, il se fera assister par un médecin qui effectuera l’injection.
Terrorisé à l’idée d’un échec, Pasteur se réfugie dans son Jura natal en attendant les résultats.
On n’est jamais assez prudent, mais la machine a déraillé
L’année qui suit, Louis Pasteur vaccine des centaines de personnes contre la rage.
S’il est loué à travers le pays pour ses apports scientifiques, il n’est pas exempt de critiques. Pasteur est mal vu par un bon nombre de médecins.
La cause ? Il vaccine des humains sans être médecin après avoir travaillé sur des animaux sans être vétérinaire.
Un paria génial, en somme.
Ce qu’on retient de cette histoire n’est pas forcément
ce qu’on devrait retenir
Ce qu’on retient : les gens qui critiquent la vaccination entravent les progrès de la science et nient l’œuvre d’un grand savant qui a trouvé le vaccin
Ce qu’on devrait retenir : les plus grandes découvertes ne sont pas toujours faites par des gens “du milieu”, mais parfois par des esprits libres qui évoluent en marge et qui mènent des recherches de leur côté.
Si Pasteur a découvert le vaccin contre la rage, c’est justement parce qu’il n’était pas médecin et ne réfléchissait pas comme les médecins.
Pasteur, l’emmerdeur
En 1870, Pasteur éradique la maladie des vers à soie à Alès dans le Gard. C’est à cette période qu’il émet sa « théorie des germes » à laquelle les médecins et scientifiques ne croient pas. L’idée que des micro-organismes puissent tuer des organismes beaucoup plus gros semblait cocasse. C’est un long parcours agricole avec le Choléra des poules, la maladie du charbon du mouton, la Fièvre jaune, le Rouget du porc et finalement la rage sur le chien pour en arriver à la vaccination du petit Joseph en 1885.
15 ans de travaux et de combats face aux tenants du savoir pour faire admettre sa théorie des germes.
Un traitement est indispensable en cas d’urgence
À l’époque du petit Joseph, si vous contractiez la rage, vous n’aviez aucune chance de survivre.
C’était une situation exceptionnelle.
Et l’acte de piquer était exceptionnel.
Mais si l’acte devient normal – et qu’on doit injecter une dose tous les six mois, par exemple – alors il est tout à fait logique de se poser des questions sur le pourquoi.
On se rapproche plus du pommier fragilisé dont je parlais dans la précédente lettre que du petit Joseph.
Travailler avec, et non contre, le vivant
Comme je l’écriva, un pommier reçoit 35 traitements annuels en moyenne.
- 22 fongicides
- 9 insecticides
- 2 herbicides
- 2 régulateurs de croissance
Il en va de même pour la plupart des plantes, arbres et animaux.
À force de vouloir tout aseptiser à coup d’antibiotiques, de fongicides, d’insecticides, … de toutes ces substances qui tuent la vie, on a créé un monde déséquilibré… propice aux maladies.
Car le vivant ne se laisse pas industrialiser.
On ne joue pas avec le vivant en toute impunité
Les liens entre l’agriculture et la médecine sont si nombreux qu’ils ne cessent de me fasciner. La première a même une longueur d’avance sur la deuxième.
En agriculture, on a voulu remplacer le sol en nourrissant artificiellement les plantes avec les fameux engrais chimiques NPK (N azote, P phosphore, K potasse).
En théorie, ces trois éléments suffisent à nourrir une plante à 99%, alors pourquoi s’encombrer des 1% ?
Mais le vivant ne fonctionne pas par l’addition ou la juxtaposition d’éléments.
Dans le monde réel, c’est plus complexe.
Alors par la suite, nos scientifiques ont découverts une centaine d’oligo-éléments indispensables qui ont été ajoutés aux engrais (bore, cuivre, manganèse, fer, ….).
Tous ces oligoéléments ne représentent même pas 1%, mais ils ont considérablement compliqué les calculs et les analyses.
Et les plantes ne sont pas plus résistantes, au contraire, plus les interventions chimiques sont nombreuses, plus les agriculteurs s’aperçoivent que les plantes se fragilisent.
Il en va des plantes comme des humains
C’est pareil chez l’homme.
On pensait que pour bien se nourrir, il suffisait de recevoir un bon apport de calories, équilibré en protéines, glucides et lipides.
Les protéines, glucides et lipides sont les NPK de la nourriture humaine.
Ce qui revient à dire qu’on pourrait manger deux menus McDonalds par jour et être en bonne santé.
Le bon sens s’offusque de l’hérésie. La théorie, pas toujours.
Puis on a compris qu’existaient également les vitamines, les oligo-éléments, les sels minéraux, etc.
Certains tentent encore de produire une pilule miracle ou de la viande artificielle qui pourraient remplacer nos repas (on disposerait ainsi de plus de temps pour nos loisirs).
Faire confiance à la nature
A l’opposé de ce raisonnement purement chimique, ici, on prône une alimentation vivante issue de plantes qui poussent sur un sol vivant riche en éléments nutritifs pour renforcer nos défenses immunitaires.
De la terre à l’assiette…
Chez nous, le sol n’est pas cultivé
Je mène mon potager-verger sauvage depuis plus de 15 ans sans aucun travail du sol, sans engrais, sans pesticide, sans intrant chimique et sans serre. Je privilégie la complantation, le mélange des cultures, l’arrosage à l’eau de source ou, mieux, celle du Bon Dieu.
Le sol ainsi aéré est vivant et en tant que tel sait donner à manger aux plantes, qui ne sont pas malades et n’ont pas, de ce fait, besoin de traitements.
Il en va de même pour l’assiette
Tout simplement parce que les produits de ce sol vivant s’y retrouvent – légumes de saison, blé, truffes, etc.
Et que les animaux élevés en agroforesterie, qui sont nourris avec ces végétaux vivants sont bons pour nous : porc gascon, volailles, agneaux, veau, ….,
Et aussi, que les produits transformés : jambon, saucisson, foie gras, légumes, … sont fabriqués sans additifs chimiques inutiles et/ou dangereux comme les nitrites.
Par exemple, cette Foie gras poêlé à la truffe et aux deux choux. Le foie gras est préparé le jour de l’abattage du canard, le chou vient de notre potager en permaculture sur paille et BRF.
Une partie du chou, récoltée en octobre a été lactofermentée, elle apporte un pointe d’acidité et des probiotiques (bactéries favorables) très bons pour le santé, l’autre partie du chou est récoltée le jour même et apporte les vitamines des légumes frais d’hiver.
Ces deux choux sont juste pochés dans un bouillon réduit d’os et couennes de jambon riche en minéraux qui renforcent les défenses immunitaires. Ce bouillon en lui même est presque un médicament c’est pour cela qu’autrefois quand vous étiez malade, on vous disait « Un bouillon et au lit ! ».
Quant à la truffe, en quantité suffisante dans ce plat, en plus de son parfum inimitable, elle amène pleins de vitamines (B2, B3, B5, D, K, …), des minéraux (fer, phosphore, …). Rien à voir avec ces parfums chimiques qui n’apportent rien à part une odeur nauséabonde.
Ou bien cette Pomme crumble à la truffe et crème de fleur de son de blé truffier, les pommes bio sont cultivées juste à côté, le blé truffier pousse entre les chênes au milieu des truffières et amène des arômes de pain d’épices qui soulignent le parfum de la Tuber Melanosporum.
Une cuisine simple mais pas simpliste. Venez la (re)découvrir.
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Séjour Découverte de la TruffeÀ partir de : 680,00€ par nuit par personne, en chambre double
Ce célèbre portrait de Pasteur, trouvé dans le grenier de la maison, fut le tout premier élément décoratif de ma salle de restaurant.
Je l’ai mis en place dès mon arrivée en 1984. Cette reproduction est d’ailleurs toujours là, malgré les différents travaux et réaménagements.
Illustration d’en-tête : « L’Enfer de Dante » par Gustave Doré (1861)
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